Les voiliers du nickel

Bonneveine

Cet article est tiré de la Revue Générale de la Marine Marchande, conservé par le centre de documentation du Musée Maritime de Rouen.

23 octobre 1902 :

La Flotte marseillaise : Le Bonneveine

Hier matin, vers 7 heures, a pris le large le Bonneveine, qui est certainement le plus beau navire à voiles de la flotte marseillaise. Cette unité fera le bonheur à notre port et on peut dire que les chantiers de La Seyne, d’où est sorti le Bonneveine, se sont distingués.

Le Bonneveine mesure près de 90 mètres de longueur totale et 80 mètres entre perpendiculaires. Sa largeur atteint 12 mètres 35 et 7 mètres 30 de creux. Sa portée en lourd est de 3 300 tonnes ; il jauge net 1 800 tonneaux et brut 2 700 tonneaux. La voilure du Bonneveine est imposante et la main de l’homme ne la manœuvrera jamais directement. En effet, des treuils à brasser sont établis sur les ponts, permettant de manœuvrer les vergues chargées de voiles d’une très grande largeur sans fatiguer l’équipage. Ces treuils, d’ailleurs, suppriment un bon tiers de l’armement, ce qui est une économie considérable pour le propriétaire car le Bonneveine, malgré sa jauge et sa longueur, n’a que 24 homme à bord, l’état-major en sus. L’armement du Bonneveine comprend, en outre, un guideau à vapeur, des pompes Wortington, des treuils, le tout actionné par une machine de 30 chevaux, grâce à laquelle sont exécutés toutes les grosses manœuvre et les opérations de chargement et de déchargement.

Le Bonneveine, disons-nous, est parti hier matin. Il avait une cargaison complète de vin et de matériel divers à destination de Nouméa où il se rend par la voie du cap de Bonne Espérance. A Nouméa le Bonneveine chargera du nickel (3 500 tonnes environ) pour une maison du Havre. Le Bonneveine est commandé par le capitaine Pommiès, un marin expérimenté, avantageusement connu à Marseille.