Les voiliers du nickel

Neuilly

Cet article est tiré de la Revue Générale de la Marine Marchande, conservé par le centre de documentation du Musée Maritime de Rouen.

21 novembre 1901 :

Longue traversée du Neuilly

Ce trois-mâts barque en acier et appartenant à la Société des Longs-Courriers français, de Paris et de Nantes, est arrivé le 12 courant au Havre venant de la Nouvelle-Calédonie avec un chargement de 3 000 tonnes de minerai de nickel. Il était parti de Thio le 17 juin.

Avant d’entrer dans le port, il a demandé, par signaux, des marins pour effectuer son entrée parce qu’il avait des malades à bord et qu’il ne restait pas assez de monde pour lever l’ancre. Une remorqueur de la Compagnie des Abeilles est allé lui porter une équipe de gréeur. Le 3 mâts est ensuite entré dans le port où il a été mis en quarantaine parce qu’il avait 9 hommes atteints du scorbut. Sa traversée avait duré 148 jours par suite de vents d’Est et des gros temps éprouvés. En cours de route, un matelot a été enlevé par la mer et un autre est mort d’une congestion pulmonaire. Chose étonnante, ce navire a été rencontré par le Général Foy, de la Société des voiliers français arrivé au Havre le mois dernier.

On a fait beaucoup de bruit à propos de ce navire, depuis qu’il est arrivé au Havre. On a même dit, dans un journal de ce port, que le capitaine comparaîtrait devant la Commission supérieure des naufrages, alors que cette Commission n’entend jamais aucun marin, son rôle étant de donner au ministre son opinion au sujet des enquêtes relatives aux sinistres maritimes.

Nous avons téléphoné au siège social de la Société des Longs Courriers français d’où l’on nous a répondu qu’il y avait beaucoup d’exagération, et d’erreurs dans ce que certains journaux avaient publié, que le navire avait été bien approvisionné, que plusieurs hommes étaient déjà sortis de l’hôpital et que l’un de ceux que l’on y conduisait était parti en bordée, ce qui prouve qu’il n’était pas bien malade.